
Réalisation : Roman Polanski
Scénario : Robert Harris, Roman Polanski
Acteurs principaux : Jean Dujardin, Louis Garrel
Sociétés de production : Légende Films, RP Productions
Pays d’origine : France, Italie
Genre : drame historique
Durée : 132 minutes
Sortie : 2019
Présenter ce film qui, de nos jours, suscite des polémiques sans fin chez les médias, mais pour des raisons autres que la production cinématographique, est presque un défi.
Essayons de ne prendre aucun parti pour le présenter dans son contenu et sa réalisation. Première remarque la traduction en italien du titre nous laisse perplexes, pourquoi traduire le célèbre « J’accuse » (titre français du film) en « L’ufficiale e la spia » !
Présenté au Festival du cinéma à Venise en septembre dernier, « J’accuse » a été acclamé par la critique après que la présidente du jury, la réalisatrice argentine, Lucrecia Martel ait affirmé être mal à l’aise à cause de la présence à la manifestation d’un film réalisé par Roman Polanski, qui encourt toujours une condamnation aux États-Unis pour viol d’une mineure en 1977. Le coproducteur avait même eu l’idée de retirer le film du concours. Au-delà des polémiques, le film a cependant été primé avec le Lion d’argent.
Nul n’ignore que le capitaine Dreyfus est la victime innocente d’intrigues et de superficialités en plus de préjugés car il est juif. Cette histoire, que tout le monde prétend connaître, prend ici une tournure différente car elle est racontée par le colonel Piquard, le vrai protagoniste de cette vicissitude. Convaincu de l’innocence de Dreyfus, il arrive à démonter les accusations, mais il devient lui aussi la proie de la machine infernale des juges et de l’armée qui ne peuvent pas avouer une erreur.
Le film retrace avec extrême exactitude les phases du procès Dreyfus, en mettant en évidence les hypocrisies et la mauvaise foi du milieu militaire et judiciaire. L’actualité du film consiste exactement dans le fait qu’on retrouve de nos jours les mêmes conditions a affirmé Roman Polanski lui-même dans une interview avec l’écrivain Pascal Bruckner : « un cas semblable pourrait se reproduire. Il y a toutes les circonstances : fausses accusations, superficialité des juges, des magistrats corrompus et surtout les réseaux sociaux qui te condamnent sans procès et sans possibilité de défense ».
En France aussi, certains médias nationaux se sont jetés sur le film pour le détruire sans pitié. Dommage que la presse se soit laissée entraîner dans des considérations qui n’ont rien à voir avec le film même, au point que l’on peut se demander si vraiment Polanski n’aurait pas raison d’affirmer que la haine et la mauvaise foi n’ont pas disparu !