Les grandes dates de Novembre 2016

I grandi avvenimenti della storia e dell’attualità

LES GRANDES DATES

Caravaggio, Foucauld e Leo Ferré sono alcuni dei personaggi di rilievo che vogliamo ricordare.

di Manuela Vico

Le naufrage de la Méduse il y a 100 ans (1816)

Aujourd’hui encore ce nom de la Méduse continue d’évoquer des images d’horreur, du tableau de Caravage au naufrage dramatique du bateau du même nom néfaste. C’est ce dernier qu’on commémore cette année, à distance de deux siècles.
Le 17 juin 1816, au port de l’île d’Aix, pas loin de la Rochelle, commence le voyage de cette frégate à destination St. Louis du Sénégal pour prendre possession de cette colonie à peine restituée à la France par les Britanniques. Tout semble conspirer pour provoquer le drame : la Méduse compte 400 personnes à bord avec seulement six canots de sauvetage, elle est escortée par trois autres bateaux, mais bientôt elle perd le contact avec deux d’entre eux. Le commandant de la Méduse est un ancien officier émigré qui ne naviguait plus depuis vingt ans, incapable et inepte. Le drame est causé en effet par son incapacité : pendant la nuit du 1er au 2 juillet la corvette qui accompagnait la Méduse lance des signaux pour prévenir l’équipage que le bateau se trouve trop près de la terre. On ne comprend pas les messages et au lieu de réduire la voilure pour diminuer la vitesse, le commandant fait ajouter des voiles et cela malgré les indications de la sonde qui mesure, sous la quille, des profondeurs de plus en plus modestes. L’inévitable se produit vers 16 heures du 2 juillet lorsque la Méduse s’enfonce dans le banc d’Arguin, à environ 160 Km de la côte de la Mauritanie, par une journée de beau temps. À partir de ce moment commence le calvaire des 149 marins et soldats entassés sur un radeau improvisé avec très peu de vivres et d’eau, abandonnés à leur sort par le commandant qui avec les passagers privilégiés se sauve sur les canots.
Le radeau sera retrouvé 12 jours plus tard par le brick L’Argus : 15 personnes seulement, dont cinq mourront peu après, survécurent probablement grâce au cannibalisme. La vraie histoire de ce naufrage est connue grâce à la publication du rapport officiel rédigé par le chirurgien Henry Savigny, un des survivants du radeau. Le commandant de la Méduse fut condamné à trois ans de prison à la suite du scandale soulevé par les révélations des rescapés.
Ce drame reste actuel grâce à l’immense tableau peint par Géricault en 1818 et exposé au Louvre. Sa vue provoque toujours une forte sensation d’angoisse, même si, au loin, on peut à peine apercevoir une minuscule voile blanche prémonitrice du sauvetage. En Italie, Alessandro Baricco aussi reprit l’histoire de cette tragédie dans son recueil Oceano mare.

Louise Vigée Lebrun, Madame de Staël

Madame de Staël (1766)

Cette année court l’anniversaire de la naissance, il y a 250 ans, de Germaine Necker, mieux connue comme Madame de Staël. Femme de tête, ambitieuse, mais aussi libre et indépendante, Madame de Staël a grandi dans un milieu international cultivé, au sein de la riche bourgeoisie genevoise. La renommée de son père, le banquier suisse Necker appelé par Louis XVI à redresser les finances du royaume, lui ouvre toutes les portes des salons parisiens les plus prestigieux. Mariée à vingt ans au baron Erik Magnus de Staël-Holstein, elle s’en sépare en 1800 pour mener une vie sentimentale plutôt agitée, à la recherche d’un bonheur idéal. Elle se peint dans la protagoniste du roman Corinne ou l’Italie en héroïne romantique marquée par un sort tragique à la suite d’une passion non partagée.

Dans la réalité Madame de Staël a même essayé de jouer un rôle politique sous Napoléon, qui n’appréciant guère ses avances, lui interdit toute proximité de Paris. Auteure de plusieurs ouvrages sur la littérature, Madame de Staël peut être considérée à juste titre la théoricienne du courant romantique. Rentrée à Paris après la chute de Napoléon, elle meurt d’hémorragie cérébrale pendant un bal à l’âge de 51 ans.

La Compagnie des Indes

Fondation de la ville de Lorient (1666)

Cette année c’est aussi l’anniversaire d’une ville au nom évocateur de contrées exotiques. Lorient doit, en effet, son origine à la Compagnie des Indes fondée en 1664 par Colbert pour concurrencer la Compagnie néerlandaise des Indes orientales qui détenait du temps un quasi-monopole pour le commerce vers l'océan Indien.

En réalité la naissance de Lorient est due à un véritable hasard : la Compagnie des Indes s’installe d’abord au Havre, mais elle manque d’espace, elle cherche une nouvelle installation du côté de Bayonne, mais là elle se heurte à l’hostilité de la population. Après quelques tentatives toutes vaines, elle achète enfin des terrains dans un endroit inoccupé dans les environs du Golfe de Vannes. Petit à petit, l’endroit se peuple mais l’implantation ne devient stable que lorsque la Compagnie française des Indes orientales abandonne Le Havre définitivement, par crainte d’attaques militaires, au moment de la guerre de Hollande en 1675. En 1719, grâce à la création par John Law de la nouvelle Compagnie Perpétuelle des Indes, Lorient connaît un nouvel essor qui persistera, malgré la faillite du système Law et sa fuite à l’étranger. C’est l’époque où les armateurs s’enrichissent avec le célèbre commerce triangulaire qui provoquera la déportation de quelques 43.000 esclaves. Lorient connaît aussi ses heures de gloire avec les corsaires qui, à partir de 1775, attaquent les bateaux anglais et vendent leurs prises dans la ville.

Au cours du XIXe siècle la ville se modernise, elle devient un centre administratif important en développant en même temps les installations militaires du port. La pêche aussi devient une ressource économique importante avec la construction du premier chalutier à vapeur en 1900. Malheureusement la première guerre mondiale va interrompre cet élan car tous les chalutiers sont réquisitionnés par l’armée. Un sort encore plus tragique frappe Lorient lors de la seconde guerre mondiale quand, à l’arrivée des troupes allemandes, le 21 juin 1940, les français détruisent l’arsenal et brûlent la ville avant de l’abandonner à l’ennemi. Pire encore Churchill, pour vaincre les Allemands, désigne Lorient comme cible prioritaire des bombardements. Du 14 janvier au 17 février 1943, la ville sera rasée au sol par plus de 4 000 tonnes de bombes. À l’heure actuelle Lorient retrouve son souffle avec l’implantation de l’Université de Bretagne-Sud, la création de la Cité de la Voile Éric Tabarly, un pôle de course de large et le Festival inter-celtique, un des plus grands festivals français.

Charles de Foucauld

Charles de Foucauld (mort en 1906)

L’itinéraire extraordinaire d’un homme assoiffé de connaissance et d’absolu. Issu d’une famille noble alsacienne, orphelin à six ans, Charles de Foucauld est élevé, avec sa petite sœur, par son grand-père. À 18 ans il entre à l’école militaire de Saint-Cyr, à vingt ans il est officier et hérite un patrimoine important à la mort de son grand-père. Incapable de gérer ses affaires, mauvais disciple, il gaspille tout son argent dans des fêtes. À 22 ans, il est envoyé en Algérie qui lui plaît beaucoup, puis se retrouve en Tunisie où, après une brève parenthèse de rapides déplacements, il est cantonné dans la routine de la vie de garnison. Là, Charles, s’ennuie rapidement et démissionne. Il entreprend alors une vie nomade dans le tout proche Maroc, qui était, à l’époque, encore un pays inconnu, interdit aux étrangers. Il se déguise en juif pour pénétrer à l’intérieur du pays avec son guide, le rabbin Mardoché Aby Serour, «au péril de sa vie : il y est regardé comme un espion et serait massacré s'il était reconnu». Il prend sans cesse des notes comme il le précise lui-même : «En marche, j'avais sans cesse un cahier de cinq centimètres carrés caché dans le creux de la main gauche; d'un crayon long de deux centimètres qui ne quittait pas l'autre main, je consignais ce que la route présentait de remarquable». Onze mois plus tard, il arrive épuisé à la frontière avec l’Algérie ! Ses notes de voyage portant sur les 3000 Km parcourus dans un pays inconnu le rendent vite célèbre dans le monde scientifique : il a 28 ans. À Paris, pendant qu’il s’occupe de la publication de son voyage au Maroc, il s’intéresse de près à la religion catholique jusqu’à sa décision de partir à la découverte des lieux saints, Nazareth surtout. De retour en France, en 1890, il devient moine trappiste, mais six mois plus tard, ne trouvant pas cette vie monastique assez rigide, il se retire à Akbes, en Syrie, dans une trappe extrêmement pauvre. Rentré en France, après un séjour de quelques années à Nazareth, où il rédige la Règle des Petits Frères dans le but de partager son expérience, il est ordonné prêtre en 1901. Il décide de se consacrer aux plus déshérités parmi les peuples: «Sachant par expérience que nul peuple n'était plus abandonné que les musulmans du Maroc, du Sahara algérien j'ai demandé et obtenu la permission de venir à Béni Abbès, petite oasis du Sahara algérien sur les confins du Maroc». Puis à connaissance qu’aucun prêtre ne se donne disponible pour aller chez les Touaregs, il part pour partager leur vie au cœur su désert. Pour favoriser l’évangélisation de ce peuple, il se met à étudier leur langue et leur culture. «Mes travaux de langue marchent bien. Le Dictionnaire abrégé est fini et son impression commence dans quelques jours. Le Dictionnaire des noms propres sera fini en 1914 avec le Dictionnaire Touareg-Français, plus complet. Je pense finir en 1916 le recueil des Poésies et des Proverbes, et en 1917 les Textes en prose. La grammaire sera pour 1918 si Dieu me prête vie et santé». Malheureusement son désir ne sera pas exaucé : en 1916, à l’âge de 58 ans Charles de Foucauld meurt à Tamanrasset dans des conditions obscures : on ne sait s'il a été assassiné par des bandits ou tué par inadvertance par le jeune bédouin chargé de le protéger.
Étrangement les dates associent cette mort tragique à un autre drame qui se produit un demi-siècle plus tard, en 1966, en Algérie, à Tibhirine où sept moines cisterciens sont enlevés et tués dans des circonstances controversées. Cet évènement est à l’origine du film Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois.

Léo Ferré

Léo Ferré à 100 ans de sa naissance en 1916

Considéré avec Brassens et Brel un pilier de la chanson française, bien que d’origine et de nationalité monégasques, Léo Ferré incarne l’esprit de la gauche française, mieux encore l’aspiration à l’anarchie. Sa formation pourtant est des plus rigoureuses : enfance dans la principauté de Monaco où il intègre la chorale de la maîtrise de Monaco et s’initie aux grands auteurs classiques, puis suivent huit longues années chez les Frères des écoles italiennes à Bordighera où il approfondit le solfège, enfin, passé le bac philo à Monaco, il suit les cours de droit à Sciences Po à Paris en décrochant le diplôme de sciences politiques. Puis commence la période de son existence en quête de lui-même, période jalonnée de petits contrats dans les cafés de la rive gauche à Paris, encouragé par Edith Piaf qui lui conseille de tenter sa fortune dans la capitale. Marié en 1943, quatre ans plus tard, il se laisse attirer par une tournée en Martinique qui tourne mal au point qu’il mettra six mois pour rentrer en France. Ce sont des années de difficultés financières faute d’engagements durables jusqu’en 1947 où il signe un contrat avec Le Chant du Monde, maison d’édition proche du parti communiste. À partir de 1947, il anime aussi sur Paris Inter, des émissions consacrées à la musique classique. Mais le grand moment dans la vie de cet artiste c’est la rencontre avec Madeleine Rabereau qui devient sa muse et lui fera dire «je suis né par erreur en 1916 et une seconde fois le 6 janvier 1950 quand j’ai connu Madeleine». C’est elle qui orientera sa mise sur scène et précisera ses choix artistiques et deviendra sa deuxième femme, en 1952, après son divorce. La vie semble sourire à Léo Ferré : il enregistre l’année d’après la chanson Paris canaille , son premier grand succès, puis avec l’Olympia ce sera la consécration officielle. Suivra un autre grand succès international avec le texte Pauvre Rutebeuf inspiré des misères de ce poète du Moyen-Âge. Enfin pour le centenaire de la publication des Fleurs du mal, Léo Ferré sort un album éponyme, devenant ainsi le premier chanteur à consacrer la totalité d'un disque à un poète. Le succès c’est de l’argent aussi qui permet à Léo Ferré d’acheter un chimpanzé, qui deviendra un terrible dictateur dans la vie privée de l’artiste puis il achètera une véritable ménagerie, une île, le Fort du Guesclin entre Cancale et Saint-Malo et enfin un château aussi. Le succès continue avec un nouvel album Paname puis, en 1961, Les chansons d’Aragon qui lui valent la reconnaissance et l’amitié du poète. La veine artistique de Ferré va changer et dans son nouvel album il devient tour à tour agressif, moqueur, antimilitariste à tel point que sa maison d’édition applique une censure interne à laquelle s’ajoute la censure des antennes. L’année 68 marque un tournant important dans sa production : il fait paraître deux albums considérés comme son chef d’œuvre, L’été 68 et Amour anarchie. Cette même année marque un tournant décisif dans la vie privée de Ferré car, épris d’une autre femme, Marie-Christine Diaz, il ne rentre pas à la maison où Pépée, le chimpanzé, se blesse et Madeleine le fait tuer : le chanteur ne le lui pardonnera jamais, c’est la rupture définitive entre les deux époux. Avec Marie-Christine Diaz, sa troisième femme, Léo Ferré, à presque soixante ans, semble vouloir repartir vivre une nouvelle vie : le couple s’installe en Italie, en Toscane, près de Florence et entre 1970 et 1978 trois enfants viendront élargir la famille. Même si retiré en Italie, le chanteur poursuit son activité et lance de nouveaux disques : Ma vie est un slalom en 79, La Violence et l'ennui en 80, Les Loubards en 85, On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans en 86, Les Vieux copains en 90. En 1991, pour son dernier album, lors du centenaire de la mort de Rimbaud, il choisit une interprétation qui met en valeur les mots de ce voyant de la poésie en débitant Une saison en enfer seul au piano. Ferré reste actif en donnant des concerts et en participant à des galas, beaucoup desquels pour soutenir la cause anarchiste. Il refuse pourtant de soutenir la campagne présidentielle de François Mitterrand. Seulement une grave maladie, qui l’emporte le 14 juillet 1993, l’empêchera de monter une dernière fois sur la scène parisienne.

 

Manuela Vico a enseigné dans de différents lycées (lycée linguistique, classique, agricole et commercial). De plus elle a tenu des cours aux adultes et aux étudiants de la «Scuola di Amministrazione Aziendale» de Turin, où elle a été chargée aussi de l’organisation des stages en France. Elle a été chargée aussi des cours de français à la Faculté d’Économie et Commerce. Parmi les membres fondateurs de l’Alliance française de Cuneo, dont elle est la présidente. Elle fait partie du Conseil d’Administration de la Fédération des Alliances d’Italie au sein duquel elle coordonne le Comité Technique et Scientifique.
Elle est formatrice et collabore avec la maison d’édition Pearson Italie. Elle est co-auteure de manuels scolaires, parmi lesquels Quelle chance, publié par LANG Edizioni et de In trappola, texte publié par Pearson en langue italienne destiné aux apprenants étrangers. Elle est journaliste.