
Le 10 décembre Journée Internationale pour les Droits des Animaux
Les animaux ont droit au respect au même titre que les hommes
MANIFESTATIONS
La giornata internazionale dedicata ai diritti degli animali è il primo passo per ripensare un mondo in cui regna l'armonia tra uomo e natura.
de Manuela Vico
Oui, vous l’avez bien compris, c’est le même jour que l’anniversaire de la Déclaration des Droits de l’Homme par les Nations Unies en 1948. Et ce n’est pas un hasard. Cette date a en effet été choisie pour signaler l’évolution des droits de l’homme vers les droits de tous les êtres vivants, humains et non humains. C’est grâce à la nouvelle sensibilité, apparue ces dernières années, que nous nous reconnaissons tous comme faisant partie intégrante du grand univers des êtres vivants qui peuplent cette planète. Cette prise de position n’est pas d’aujourd’hui car le 10 décembre 2019 on fête la 20ème édition de la Journée Internationale pour les Droits des Animaux (JIDA).

Pourquoi cette journée internationale ?
Partout dans le monde les animaux ne possèdent aucun droit à la vie ou à la liberté. Partout ils sont élevés et tués pour leur chair, leur peau ou leur fourrure, utilisés dans les laboratoires d’expérimentation pour des expériences médicales, traqués au nom du sport (chasse, pêche…), etc.
L’objectif de cette journée d’action mondiale est d’instaurer un débat public à propos de la manière dont les animaux sont traités et de parvenir à une reconnaissance internationale de leurs droits fondamentaux à ne pas être exploités.
Les associations de protection animale se mobilisent car « Chaque jour, en France, plus de 7000 animaux sont utilisés dans les laboratoires d’expérimentation publics et privés. Rien qu’en France, plus de 3 millions d’animaux sont chaque jour élevés et sacrifiés pour la consommation de produits d’origine animale. […] Réduits à l’état de marchandise, ils n’ont strictement aucun droit fondamental », déclare un porte-parole d’International Campaigns, collectif pour les droits des animaux qui coordonne et relaie cette Journée Internationale en France depuis décembre 2004.
Selon cette association, il suffirait d’établir des droits fondamentaux permettant aux animaux de vivre leur vie libres, sans avoir à subir de souffrances.
Même la philosophie s’est intéressée au problème, par exemple Jacques Derrida qui, sensible aux exigences des animaux, s’est penché sur ce sujet. Il est parti de la question suivante : les animaux sont-ils capables d’interagir avec les hommes ? Cependant, il ne s’est pas limité au simple questionnement « Est-ce que l’animal peut répondre ? », il a changé les termes du problème : « Sommes-nous disposés à écouter les animaux ? ». Selon lui « Il ne s’agirait pas de rendre la parole aux animaux mais peut-être d’accéder à une pensée, si chimérique ou fabuleuse soit-elle, qui pense autrement l’absence du nom ou du mot, et autrement que comme privation1 ».
Enfin il faut bien prendre en compte les exigences des scientifiques, dont 400 environ se sont exprimés lors d’une tribune en précisant que 79 prix Nobel de médecine, sur la centaine décernée, ont comme base l’expérimentation sur les animaux. Sans lapin, Pasteur n’aurait pas pu développer un vaccin contre la rage à la fin du XIXe siècle. Dans les années 30, l’anesthésie a pu être développée grâce à des rats de laboratoire. En 1990, ce sont des expériences sur les singes qui ont permis de découvrir les premiers antirétroviraux contre le virus du SIDA.
Si l’opinion publique se révolte face à cette pratique, le monde scientifique est confronté depuis longtemps aux questions éthiques liées à cette méthode, et n’a pas attendu le législateur pour élaborer des règles strictes afin de limiter au maximum l’utilisation des animaux et leurs souffrances. Dès 1959, les Britanniques W.M.S. Russell et R.L. Burch ont élaboré la règle des 3R, base de la bioéthique de l’expérimentation animale en Europe et Amérique du Nord. Elle se compose de trois principes : réduire, raffiner, remplacer. Pour plus d’informations sur cette règle consultez le site officiel de l’Inserm, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. (Qu'est-ce que la règle des 3 R ? )
Réduire : le principe de réduction vise à limiter au maximum le nombre d’expériences avec des animaux, ou le nombre d’animaux par expérience.
Raffiner : si l’utilisation d’animaux s’avère nécessaire, il faut « réduire, supprimer ou soulager l’inconfort, la douleur, la détresse ou l’angoisse subie par les animaux, obtenir plus d’informations pertinentes à moindre coût en termes de 'mal-être' animal ».
Remplacer : enfin, le troisième principe des 3R est tout simplement de remplacer un maximum l’expérimentation animale par des méthodes alternatives.
En France, le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation depuis 2014 mène, tous les ans, une enquête. Les derniers documents, récemment mis à jour, portent sur l’année 2017. Par rapport aux espèces utilisées dans les laboratoires, c’est toujours la souris l’animal le plus exploité (59%), viennent ensuite les poissons (15%), puis les rats (10%), les lapins (7%) et en dernier les singes (0,19%). Malgré tout, le nombre des animaux utilisés dans les laboratoires en 2017 reste important avec presque 2 millions d’exemplaires (L’utilisation d’animaux à des fins scientifiques en 2017 : des chiffres très proches de ceux de 2016).
Note
- 1 Jacques Derrida, L’animal que donc je suis, Paris, Galilée, 2006 Pag 74
- Qu'est-ce que la règle des 3 R ?
- L’utilisation d’animaux à des fins scientifiques en 2017 : des chiffres très proches de ceux de 2016